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mardi 15 novembre 2005

Gérald Papy - La Libre Belgique Après un journaliste de « Libération », l’équipe de la RTBF est agressée avec l’avocate Radhia Nasraoui. Le pays hôte du sommet de l’Information soigne son image.

A ceux qui imaginaient que, le temps du sommet mondial sur la société de l’Information des Nations unies qui s’y déroule de mercredi à vendredi, le pouvoir en Tunisie allait afficher une tolérance de façade à l’égard de la presse, les sbires du président Ben Ali ont opposé un cinglant démenti. En l’espace de quatre jours, des journalistes étrangers ont été agressés à deux reprises. Après un journaliste de « Libération » vendredi, c’est une équipe de la RTBF-télévision qui a été prise à partie alors qu’elle accompagnait l’avocate et militante des droits de l’homme Radhia Nasraoui à une réunion d’organisations non gouvernementales au « Goethe Institut », le centre culturel allemand, à Tunis. Alors que la tenue du sommet organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT) attirait déjà les projecteurs sur le respect de la liberté de la presse dans le pays hôte, c’est à croire que l’intolérable répression contre les droits de l’homme en Tunisie est de surcroît frappée du sceau de la bêtise pour se risquer à agresser des journalistes étrangers.

Le secrétaire général de l’association de défense de la liberté de la presse « Reporters sans frontières », Robert Ménard, avait indiqué qu’avec l’agression dont avait été victime vendredi Christophe Boltanski, de « Libération » (coups de poing, coups de pied, coup de couteau dans le dos, une agression commise par quatre individus « dans un quartier d’ambassades très quadrillé par la police »), c’était la première fois qu’un journaliste étranger était visé explicitement et de façon aussi violente en Tunisie.

Lundi, la journaliste Marianne Klaric, le cameraman Jean-Jacques Mathy, de la RTBF, et Radhia Nasraoui allaient rejoindre la réunion des ONG quand leur véhicule a été entouré par une quarantaine de policiers en civil. M. Mathy a été extrait de force de la voiture ; sa caméra et sa cassette de tournage ont été confisquées. Les deux femmes ont craint d’être agressées à leur tour mais ont réussi à verrouiller les portières. D’après Marianne Klaric, Radhia Nasraoui « n’avait jamais vu un tel déchaînement de violences ». La journaliste de la RTBF a suggéré que, bien sûr, l’agression visait également la militante des droits de l’homme. Elle en a pris pour preuve le fait qu’à sa connaissance, une autre actrice de la société civile, la journaliste Sihem Bensedrine, avait été attaquée « à quatre reprises » rien que lundi.

Protestations

Si la caméra a été rendue à l’équipe de la RTBF, la cassette, en revanche, est restée aux mains de la police politique. La RTBF a demandé « aux autorités tunisiennes de faire respecter le droit à l’information, un minimum lorsqu’on est le pays hôte du sommet mondial de l’Information ». L’Association des journalistes professionnels (AJP) a dénoncé « l’intimidation, la brutalité et les entraves mises au travail des journalistes en Tunisie ».

Réagissant aux protestations du gouvernement français après l’agression de Christophe Boltanski, les autorités tunisiennes ont jugé « inopportun d’amplifier cet incident au-delà de ses proportions réelles » qu’elles assimilaient à une simple affaire de droit commun. L’agression de l’équipe de la RTBF et de Mme Nasraoui conforte le soupçon d’une campagne d’intimidation délibérée.

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