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Accueil du site > Économie > Les pays sinistrés d’Asie s’inquiètent de leur crédibilité financière

vendredi 7 janvier 2005

SOMMET. Les dirigeants réunis à Djakarta ont approuvé le principe d’un moratoire sur la dette des pays dévastés par les tsunamis Piotr Kaczor, Zurich Vendredi 7 janvier 2005 Les dirigeants asiatiques et mondiaux réunis jeudi en sommet à Djakarta ont finalement approuvé le principe d’un moratoire sur la dette des pays dévastés par les raz de marée du 26 décembre, selon le communiqué final publié à l’issue de leur réunion. Certains pays touchés craignaient pourtant qu’un moratoire ne se traduise par une note de solvabilité moins favorable et, par conséquent, par un accès entravé au marché des capitaux.

Les 19 principaux pays créanciers qui doivent se réunir le 12 janvier dans le cadre du Club de Paris examineront de leur côté l’opportunité d’un moratoire sur la dette du Sri Lanka et de l’Indonésie, sans prévoir pour l’instant d’annulation de dette. Ces deux pays sont en effet les seuls parmi ceux touchés par la catastrophe à avoir requis un réexamen de leur situation financière auprès du Club de Paris, selon l’AFP.

Dans un discours prononcé mardi à Edimbourg, le chancelier de l’échiquier britannique, Gordon Brown, était allé bien plus loin en relançant l’idée d’un « nouveau plan Marshall pour le monde », en l’occurrence pour effacer 70 milliards de dollars de dettes. « Nous devons faire en sorte que les pays pauvres les plus endettés obtiennent un allégement de leur dette pour qu’ils puissent financer le développement de leurs systèmes de santé et d’éducation », avait-il déclaré. Le Japon a lui aussi fait connaître sa disposition à geler les paiements sur les dettes - à hauteur de 65 milliards de dollars - de l’Indonésie et des autres pays dévastés par les tsunamis. Le gouvernement américain en revanche veut d’abord évaluer la situation avec les pays concernés avant de soutenir pareille mesure.

Dans son commentaire « Breaking Views » de jeudi, le Wall Street Journal s’est empressé de qualifier de « dépassée » l’idée du moratoire proposée par Gordon Brown. Car « ces pays sont maintenant assez riches pour honorer leurs dettes et suffisamment fiers pour ne pas vouloir d’une aide qui dépasserait le nécessaire ». Et le quotidien financier de résumer : « Nombre de pays asiatiques perçoivent comme de la condescendance ce que Monsieur Brown présente comme un acte de solidarité internationale. »

De lourds sacrifices

C’est que ces pays ne veulent pas compromettre leur crédibilité financière, restaurée au prix de lourds sacrifices après la crise financière qui avait ébranlé l’Asie en 1997. Un souci qui concerne surtout l’Indonésie. Le Sri Lanka en revanche a demandé des mesures en faveur de l’allégement de sa dette, mais aussi un meilleur accès de ses produits aux marchés des pays développés. « C’est maintenant un impératif urgent pour la communauté internationale d’envisager un effacement de la dette, jusqu’ici jamais demandé par le Sri Lanka » a plaidé, à Djakarta, Lakshman Kadirgamar, son ministre des Affaires étrangères.

Dans une note diffusée mercredi, l’agence de notation financière Standard & Poor’s a estimé que les projets des pays industrialisés pour alléger la dette n’affecteraient pas la note de solvabilité des emprunts publics de l’Indonésie. « Actuellement, l’Indonésie a la capacité d’assurer le service de sa dette. Les dégâts causés dans les provinces de l’océan Indien dévastées par les tsunamis n’ont que faiblement réduit cette capacité », résume l’agence financière. Cette dernière lance pourtant un avertissement : si un rééchelonnement devait s’étendre à la dette du secteur privé, cela pourrait entraver le redressement de l’économie indonésienne.

Evaluer les dégâts

Economiste auprès de la Banque Julius Bär à Zurich, Volker Varnholt souligne le bien-fondé de toute aide financière octroyée en vue d’alléger le fardeau des pays touchés. Il estime en revanche qu’il est prématuré de décider de l’ampleur d’un moratoire avant d’avoir pu évaluer les répercussions des dégâts sur les économies des pays touchés.

Le mouvement de solidarité internationale a en outre permis d’enregistrer jusqu’à présent des promesses d’aide publique d’un montant de quelque 5 milliards de dollars. Auxquels il convient d’ajouter les dons privés. © Le Temps

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