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dimanche 1er janvier 2006

Le sous-commandant Marcos, chef de la guérilla zapatiste, s’engage une nouvelle fois à réveiller les consciences pour combattre les injustices au Mexique.

Le sous-commandant Marcos, le chef des rebelles zapatistes du Chiapas, prend la tête d’une marche nationale ce 1er janvier 2006 pour promouvoir « l’autre campagne ». Ce mouvement civil et politique qui se veut anti-capitaliste, alter-mondialiste et fortement ancré à gauche. Des milliers de sympathisants devraient le rejoindre à San Cristobal de las Casas, pour célébrer le douzième anniversaire du soulèvement zapatiste de 1994.

De notre correspondant au Mexique

A la veille de l’élection présidentielle de juillet 2006, cette marche à travers le pays a pour objectif de faire prendre conscience aux Mexicains qu’il est temps de réclamer une autre politique. Le sous-commandant Marcos et toutes les instances du Comité clandestin révolutionnaire indigène (CCRI) estiment en effet que les douze ans de lutte menée pour améliorer les conditions de vie des Indigènes n’ont servi à rien, que les cinq ans de gouvernement démocratique du président Vicente Fox n’ont pas apporté le changement promis et que le Parti de la révolution démocratique (PRD, opposition de centre gauche) n’a pas engagé une véritable débat contre la pauvreté et les injustices. Réveiller les populations

Pour l’occasion, le leader de la guérilla zapatiste s’est donné un nouveau surnom, « le Sous-délégué Zéro ». Il re-tente un coup médiatique afin de mettre les revendications indigènes au centre de la campagne électorale qui démarre officiellement le 15 janvier. Marcos signale que « la première étape de “l’autre campagne” doit servir à rencontrer, écouter et construire un mouvement qui permette d’installer des forums d’adhésion afin que toutes les organisations, tous les groupes et individus puissent exposer leurs points de vue et leurs revendications ». Nous devons construire « une cause commune dans laquelle chacun doit pouvoir se reconnaître » a souligné le leader zapatiste.

L’homme à la pipe et au passe-montagne cherche avant tout à réveiller l’apathie de la société mexicaine écœurée par les carences du gouvernement et des partis politiques. Marcos les avait déjà renvoyé dos à dos en juin dernier, estimant que « le gouvernement de Vicente Fox et les partis, PAN (droite) et PRI (ancien régime), n’étaient que les “ instruments du grand capital” » alors que le PRD et son candidat Andrès Manuel Lopez Obrador « cachaient, sous un discours faussement de gauche, la même politique néo-libérale que les autres ».

Jusqu’où pourront aller Marcos et les Zapatistes ?

Cette marche ne vise pas à proposer directement une alternative de gouvernement. Mais d’après ses initiateurs, elle cherche à dénoncer la grande corruption qui prévaut au Mexique, l’énorme gaspillage des revenus du pétrole, les salaires mirobolant que touchent les hommes politiques, la démagogie et la tromperie permanente des grands groupes économiques, le contrôle absolu des moyens de communication et la manipulation de la population par une intense médiatisation.

Son objectif est de rallier les Mexicains à cette « autre politique » pour organiser un grand mouvement social qui obligerait le gouvernement et les partis à respecter leurs engagements et leurs promesses de campagne, plaçant les gouvernants au service de la population et non des puissants.

Marcos possède un grand pouvoir de convocation. Ses sympathisants appartiennent aux classes les plus démunies qui partagent les mêmes revendications que les indigènes zapatistes. La question est de savoir si en 6 mois de campagne, il sera capable de créer une force politique capable de peser suffisamment sur les partis pour être pris en compte. Le PRD pourrait en profiter s’il sait « gauchiser » un peu son discours. En revanche, s’il n’y parvient pas, il pourrait perdre les quelques pourcents de votes nécessaire à sa victoire et Marcos serait alors en partie responsable d’un retour au pouvoir du PRI ou d’une réélection de la droite ultra-libérale. « L’autre campagne » pourrait aussi favoriser une meilleure participation électorale et l’émergence d’une société civile plus participative comme cela s’est passé au Brésil, en Argentine ou en Uruguay.

La marche zapatiste passera dans 32 villes du pays. Elle commence ce dimanche au Chiapas, dans les zones fortement affectées par les ouragans Wilma et Stan qui ont ravagé cette région l’automne dernier.

par Patrice Gouy RFI le 01/01/2006

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