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vendredi 20 janvier 2006

LE MONDE | 20.01.06 MEXICO CORRESPONDANCE La lutte contre la pauvreté, qui pousse tant de jeunes vers l’émigration, sera le thème central de la campagne pour l’élection présidentielle au Mexique, ouverte officiellement, jeudi 19 janvier, par les candidats des trois grands partis. Menée avec d’énormes moyens financiers, la bataille promet d’être très serrée jusqu’au scrutin du 2 juillet. Le plafond des frais a été fixé à 50 millions d’euros.

Sous la bannière du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), l’ancien maire de Mexico, Andres Manuel Lopez Obrador, maintient une nette avance dans les sondages, qui lui attribuent 37 % des intentions de vote, contre 31 % à Felipe Calderon, du Parti d’action nationale (PAN, droite au pouvoir), et 30 % à leur concurrent Roberto Madrazo, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre), chassé en 2000 après 70 ans au pouvoir.

Pour son premier meeting après la longue trêve de Noël, M. Lopez Obrador, 52 ans et fils de petits commerçants, avait choisi Metlatonoc (Etat de Guerrero), une municipalité de 30 000 habitants, peuplée à 98 % d’Indiens Mixtèques et considérée par les Nations unies comme la moins développée de tout le Mexique : à peine un tiers des foyers a accès à l’eau courante ou à l’électricité. Souvent qualifié de "populiste" par ses détracteurs, ce dissident du PRI, désigné dans la presse par ses initiales "AMLO", a pris comme mot d’ordre "Pour le bien de tous, les pauvres d’abord". Il s’efforce pourtant de rassurer les chefs d’entreprises, dont les plus influents - regroupés autour du milliardaire Carlos Slim - ont publié, dès l’automne 2005, un décalogue du libéralisme à l’usage des candidats.

PAS DE MAJORITÉ AU CONGRÈS

Les milieux d’affaires ne cachent pas leur préférence pour M. Calderon. Fils d’un des fondateurs du PAN, cet avocat de 43 ans mise sur sa jeunesse, une réputation d’intégrité et la référence aux valeurs chrétiennes. Il a été ministre de l’énergie du président Vicente Fox, mais a su se démarquer de la gestion gouvernementale en intégrant à son équipe des figures consensuelles, telle la ministre du développement social, Josefina Vasquez Mota. Il compte former une coalition si le PAN n’obtient pas de majorité au Congrès - un écueil auquel risquent de se heurter tous les partis, quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle. Le 2 juillet, les Mexicains élisent aussi leurs députés.

Pour sa part, M. Madrazo, 54 ans, espère rassembler les déçus de la présidence Fox et ceux qui redoutent un virage à gauche trop prononcé avec "AMLO". Mais ce politicien habile, qui avait dépensé en 1995, pour se faire élire gouverneur de l’Etat pétrolier de Tabasco, plus d’argent que Bill Clinton pour parvenir à la Maison Blanche, apparaît à nombre d’électeurs comme le symbole d’un système vermoulu. Il s’est aussi créé des ennemis farouches au sein du PRI, comme Elba Esther Gordillo, dirigeante du syndicat de l’enseignement (1 million d’adhérents), qui ne lui feront pas de quartier. Joëlle Stolz

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