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samedi 4 mars 2006

Le président Vicente Fox a dénoncé jeudi « les bâtisseurs de mur ».

par Babette STERN QUOTIDIEN : samedi 04 mars 2006

Mexico de notre correspondante

Chaque minute, un Mexicain tente d’entrer aux Etats-Unis : en 2005, le passage de la frontière a coûté la vie à 324 de ces candidats au rêve américain. La facture pourrait s’alourdir. Pour José Moreno Mena, président de la Coalition pour la défense des migrants et chercheur à l’université autonome de Basse-Californie, « le mur ne va pas les dissuader d’aller aux Etats-Unis. Il les incitera à trouver des voies de passage plus périlleuses et engraissera les polleros (passeurs). Chaque fois qu’on a renforcé la sécurité à la frontière nord, le nombre de morts a augmenté ».

Au Mexique, le durcissement des lois américaines contre l’immigration soulève l’indignation. Plus, à vrai dire, du côté des défenseurs des droits de l’homme, des ONG et de l’Eglise catholique que de celui de l’exécutif mexicain. Jusqu’à ces dernières semaines, le président Vicente Fox, qui avait fait du règlement des flux migratoires avec les Etats-Unis une priorité de son mandat, semblait avoir baissé les bras. « Les Américains ont le droit de faire ce qu’ils veulent sur leur territoire », disait-il. Mexico a envoyé une « note » de protestation à Washington, et le ministre des Affaires étrangères a plusieurs fois déclaré qu’un mur n’était « pas la solution ».

Un front commun s’est constitué entre les élus d’opposition pour dénoncer « la soumission » du gouvernement aux Etats-Unis. George Bush et Vicente Fox devraient rencontrer à la fin du mois le nouveau Premier ministre canadien Stephen Harper, qui partage lui aussi une longue frontière avec les Etats-Unis, pour évoquer la question de l’immigration clandestine. C’est la première fois qu’un tel dialogue s’instaure.

Le problème est politiquement épineux , mais aussi potentiellement désastreux sur le plan économique y compris aux Etats-Unis. Selon Hector Flores, président de la League of United Latin American Citizens, la plus grosse association hispanique aux Etats-Unis, qui mène le lobby auprès du Congrès contre « le mur de la honte », les sans-papiers injectent 500 milliards de dollars par an dans l’économie américaine.

« Dans dix ans, les Etats-Unis supplieront le Mexique de lui envoyer ses travailleurs », déclarait Vicente Fox, jeudi, sur la BBC. Il espère qu’un accord bilatéral sera trouvé rapidement, mais s’attend à des difficultés de la part « des durs, des xénophobes, des bâtisseurs de murs, qui ne cherchent qu’à diviser les deux pays ».

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