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Accueil du site > Europe > La "directive retour" européenne provoque l’indignation de l’Amérique latine

vendredi 20 juin 2008

La nouvelle loi de l’Union européenne sur l’expulsion des sans-papiers, aussi appelé "directive retour", a déclenché un profond sentiment d’injustice et de colère en Amérique latine, continent qui a reçu pendant des siècles des vagues d’immigrés venus du Vieux Continent. Voté mercredi 18 juin au Parlement européen, ce texte de loi a provoqué l’indignation de plusieurs chefs d’Etat qui, tour à tour, se sont exprimés pour condamner cette initiative.

"NOTRE PÉTROLE NE DEVRAIT PAS ALLER VERS CES PAYS"

Ainsi, le président du Venezuela, Hugo Chavez, chef de file de la gauche antilibérale, a menacé de ne plus exporter de pétrole vers l’UE : "Notre pétrole ne devrait pas aller vers ces pays européens", a déclaré jeudi le chef de l’Etat vénézuélien lors d’une conférence de presse. De la même façon que les pays européens décideront de renvoyer des immigrants sans papier vers leur pays d’origine, les pays d’Amérique latine pourront de leur côté décider "le retour des investissements européens", a déclaré M. Chavez. Selon les derniers chiffres disponibles de la Commission européenne, la part du pétrole vénézuélien dans la totalité des importations de pétrole de l’Union européenne ne représentait que 0,9 % en 2005.

Pour sa part, le président équatorien, Rafael Correa, n’a pas hésité a parler de "directive de la honte" appelant aussitôt à"une réponse commune avec les différents pays d’Amérique latine".

Son allié bolivien, Evo Morales, a proposé à l’Afrique de se joindre à ce combat pour obtenir le retrait d’une loi qui "porte atteinte à la vie et aux droits des personnes". "Nous allons mener une campagne internationale afin de retourner la situation. Que les députés européens qui ont approuvé cette directive retour se mettent la main sur le cœur."

"UNE VIOLATION DES DROITS DE L’HOMME"

De son côté, le gouvernement argentin a condamné la directive de l’UE, en lui faisant la leçon. "La question migratoire ne pourra être résolue de manière efficace que si elle est abordée en respect total des droits de l’homme", souligne un communiqué officiel. De nombreuses organisations des droits de l’homme ont emboîté le pas, à l’image des Mères de la place de mai, la célèbre association argentine qui tente de retrouver les enfants disparus de la dictature. "Les mesures discriminatoires que l’on veut prendre avec les immigrants de tous les pays dits du Tiers-Monde, la prison et la déportation, sont des mesures sauvages", a clamé sa présidente, Hebe de Bonafini.

En Uruguay, dont plus de la moitié de la population est d’origine européenne, le Sénat a voté une motion rejetant un texte qui "constitue une violation des droits de l’homme, notamment le droit à la libre circulation internationale".

Au Pérou, le chef de la diplomatie, José Garcia Belaunde, a dénoncé une loi "discriminatoire" qui ne "cadre pas avec la tradition européenne". Le ministre des affaires étrangères brésilien a réagi dans un communiqué indiquant que "le Brésil, pays qui a reçu des millions d’immigrants et de descendants, aujourd’hui intégrés de manière harmonieuse, déplore une décision qui contribue à créer une perception négative de l’immigration". http://www.lemonde.fr

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