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Accueil du site > Etats-Unis > Pour Bush, l’Alaska vaut bien quelques barils de pétrole

vendredi 11 mars 2005

Il veut autoriser des forages dans l’une des dernières régions totalement sauvage des Etats-Unis seulement peuplés de 210 esquimaux et de représentants d’espèces animales protégées.

Par A. Lt. iberation.fr - 15:24 - A l’heure où les prix du pétrole atteignent des sommets, George W. Bush est bien décidé à exploiter les ressources pétrolifères d’une région protégée de l’Alaska et tente de faire voter une loi allant dans ce sens au Sénat. L’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR) est l’une des dernières régions totalement sauvages des Etats-Unis. Cette plaine côtière de 200.000 hectares a été déclarée zone écologiquement protégée en raison des nombreuses espèces animales (caribous, loups, ours polaires, oiseaux) qu’elle abrite. La seule présence humaine est celle des 210 habitants du village esquimau de Kaktovik.

« Développer une petite partie de l’ANWR créera non seulement plusieurs milliers d’emplois mais devrait permettre de réduire notre dépendance au pétrole étranger, affirmait mercredi le président Bush devant le Congrès. Toutes ces incertitudes sur l’approvisionnement en énergie ralentissent notre économie », a-t-il martelé. Tablant sur une production d’un million de barils par jour, il a assuré que grâce aux technologies modernes, l’exploitation de la zone pourrait se faire « presque sans conséquences pour sur l’environnement ».

Peu convaincu, le démocrate Joseph Lieberman s’interroge : « Est-ce que cela vaut la peine de perdre pour toujours un trésor national, l’un de nos derniers grands espaces sauvages ? » Pour Jeff Bingaman, du département de l’Energie, exploiter l’ANWR, « ce n’est pas la solution à nos problèmes ». Les prévisions des agences indiquent en effet selon le « Washington Post » qu’avec l’exploitation de cette zone, les importations énergétiques des Etats-Unis passeraient de 68 % de leurs besoins à 65 %, soit une diminution de 3 %. « Le forage ne réduira pas notre dépendance énergétique, ne renforcera pas la sécurité nationale et ne fera pas économiser quelques centimes à la pompe. [...] Mais les dommages à la faune et à la flore seront irréparables », soutient Carl Pope, directeur du Sierra Club, une puissante organisation de défense de l’environnement.

Le secrétaire américain à l’énergie Samuel W. Bodman explique dans un « chat » sur le site de la Maison Blanche qu’il s’est rendu en Alaska. « C’est grand... et froid ! » Pour lui, pas de risques environnementaux, mais pas non plus de répercussions positives pour le consommateur. Quand les démocrates ont suggéré d’utiliser les réserves stratégiques de pétrole du pays au lieu de sacrifier l’ANWR pour faire baisser le prix à la pompe, la Maison Blanche leur a répondu que ces réserves ne devaient être utilisées qu’en cas d’urgence.

Depuis 1991, les républicains, soutenus par l’industrie pétrolière, ont tenté à quatre reprises de faire voter l’ouverture de l’ANWR aux forages. Démocrates et écologistes ont toujours réussi à bloquer le projet, la dernière fois en 2003 par 52 voix contre 48. Afin de ne pas connaître une nouvelle déconvenue au Sénat, la proposition de loi a été introduite dans le projet de budget 2005-06. Ainsi, elle n’a besoin que de 51 voix pour être acceptée, contre 60 si elle est présentée indépendamment. Cette « manœuvre » - c’est ainsi que la dénoncent les opposants - permet également de noyer le poisson : la question de l’ANWR ne sera pas traitée seule, mais parmi les autres points du dossier sur l’énergie. Débat prévu la semaine prochaine.

A consulter Le site de campagne pour l’ouverture de l’ANWR Le site du Sierra Club Le site des Verts américains

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