Pa l'arbre
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mercredi 15 juin 2005

« J’étais étranger et vous m’avez offert l’hospitalité » Matthieu 25-35

La toute petite semaine durant laquelle les familles de réfugiés, sans toit et sans papier ont pacifiquement occupé, en ce mois de Juin, succédant au mois de Marie, l’Eglise du Sacré Cœur à Toulouse a été pour moi, et probablement pour toutes celles et tous ceux qui y sont passé, un grand moment de retrouvaille de valeurs depuis bien longtemps oubliées.

« Toi l’étranger qui sur ta route
Cherche l’amour et l’amitié
Viens avec nous Jesus t’invite
A partager la joie d’aimer »

Les heures passées dans cette maison de Dieu m’ont permis de me ressourcer en consultant des ouvrages qui ne figurent pas dans ma bibliothèque... je veux parler du livre de messe, ce carnet de chant religieux disponible en dizaine d’exemplaires.dans le lieu occupé Ce recueil de prières et de chants, qui guide le fidèle dans son amour du prochain et de son berger.

« Humbles et pauvres
nous te supplions Seigneur
accueille nous
que notre sacrifice en ce jour
trouve grâce devant toi »

C’est donc avec confiance et sérénité que j’ai vu venir à nous le curé de la Paroisse dans laquelle des êtres errants et pourchassés s’installaient. Ce Monsieur devait être là depuis peu de temps et pas encore mis au courant des pratiques de la maison, pas plus qu’au courant des textes écrits et généreusement mis à disposition dans son édifice. Il ne s’est pas opposé à l’entrée du groupe mais a paru gêné, agacé,... oui, agacé serait le meilleur terme. Je me suis demandé pourquoi. Pourquoi était-il agacé alors que...

« Il nous accueille dans sa maison
Il nous abrite sous son toit
Venant de tous les horizons
Comme un ami il nous reçoit »

J’ai failli lui lire ce passage, mais il était déjà reparti chez lui... en face l’Eglise...sans demander quoi que ce soit... si les enfants avaient besoin de quelque chose,... sans proposer ses toilettes et sa salle de bain, ce qui aurait du être le minimum pour un « serviteur de Dieu » et un adepte des principes édictés par son fils.... Décidément il ne suivait pas le programme dont il parle tous les dimanches à ses fidèles... encore un qui n’apprend pas son texte.

« Toi l’affamé qui sur ta route
Cherche comment calmer ta faim
Viens avec nous, Jésus t’invite
A partager le même pain ».

J’imaginais que la foule des fidèles se serait précipitée autour des nouveaux venus, que les dons et présents abonderaient, que ces exclus de notre sociétés seraient abondamment pourvus par une foule pleine de sollicitude et soucieuse de mettre en pratique cette charité dont elle se gargarise le dimanche matin entre les croissants et la poule au pot.... Non, rien de tout cela. L’indifférence de la part du plus grand nombre comme si tout le discours sur la charité, l’entraide, la solidarité s’arrêtait aux portes de l’existence de l’autre, au seuil de l’Eglise Pour ces gens là, l’autre n’existe que de manière théorique, il est concept désincarné.

« Toi qui es seul et sur ta route
Tu rencontres souvent l’ennui
Viens avec nous, Jésus t’invite
A partager les mêmes amis ».

Et puis le temps passant, les jours succédant aux nuits, l’impatience est apparue. La perspective d’une messe dominicale en présence de pauvres, d’exclus, de « sans papiers » installés dans l’Eglise avait le don d’énerver l’Archevêché qui nous a clairement fait entendre qu’il fallait faire« place nette »... autrement dit, sans nous le dire, elle nous jetait dehors. Elle a bien été obligée de nous le dire puisque la police n’avait pas l’air de vouloir nous chasser. Tout compte fait, a dû se dire la noble institution, Jésus a bien chassé les marchands du temps,... mis à part qu’ici il ne s’agit pas de marchands. Bref, on nous a dit de partir

« Toi sans abri qui sur ta route
Cherche un réfuge et un chez soi
Viens avec nous, Jésus t’invite
A partager le même toit »

Non mais, rendez vous compte, des gens qui demandent a être hébergés par l’Eglise, des gens qui dorment sur des matelas, qui ont des enfants, qui mangent, bref qui vivent !. Mais qu’elle idée de venir perturber le bon déroulement !

Peut-être que si l’on avait mis ces familles dans une étable avec un âne et un bœuf, les fidèles se seraient précités... C’est une idée qu’il va falloir que le Collectif de l’Espoir creuse pour une autre fois. Mais je me demande si pour ces gens là des statues de plâtre ne sont pas mieux que des êtres en chair et en os, une statue c’est plus propre, ça ne mange pas, ça ne boit pas, ça n’a besoin de rien, mais ça représente le symbôle de ce que l’on ne dit pas, de ce que l’on est capable de faire pour l’Autre.

Pour terminer sur une note positive je propose à l’Archevêché, à Monsieur de curé de la paroisse du Sacré Cœur et à ses fidèles qui sont passés à côté de nous sans nous voir, à méditer sur ces paroles extraites du petit livre (page 4 de la LITHURGIE DE LA MESSE) qu’il tiennent entre leurs mains tous les dimanches (pour certains tous les jours) :

« Je confesse à Dieu Tout puissant,
je reconnais devant mes frères
que j’ai péché
en pensée, en parole
par action et par omission. »

Ainsi soit-il !

Patrick MIGNARD professeur d’économie à l’IUT de Toulouse
Soutien aux « sans papiers »
Juin 2005

Toutes les citations sont extraites du livre des chants de la paroisse du Sacré Cœur.

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