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vendredi 4 novembre 2005

Au terme d’une semaine de débats, le Sénat américain a adopté jeudi soir (par 52 voix contre 47) un programme drastique d’économies budgétaires d’une valeur de quelque 39 milliards de dollars. Parmi les mesures envisagées sur cinq ans, il donne son feu vert à l’ouverture de forages pétroliers dans une réserve naturelle de l’Alaska, et ce au nom de l’allègement de la facture pétrolière du pays. Cette mesure a été vivement critiquée : la réserve était protégée par une interdiction de forage depuis dix ans.

En dépit de l’opposition des démocrates, des forages pétroliers pourraient bien être prochainement autorisés dans l’Artic National Wildlife Refuge (ANWR), une réserve protégée depuis 1960. C’est une des mesures drastiques que vient de voter le Sénat américain pour réduire les dépenses gouvernementales 2006-2010 dans un programme qui n’épargne que les secteurs de la défense et de la sécurité nationale. Certes le programme d’économies budgétaires devra encore être harmonisé avec celui mis au point par la Chambre des représentants, mais les grandes lignes sont d’ores et déjà dessinées.

Les partisans de ce volet très controversé du budget affirment que l’exploitation de pétrole en Alaska, permettra de réduire la dépendance énergétique des Etats-Unis et de créer des emplois. Sensible à l’argument, la Chambre des représentants pourrait donc autoriser les compagnies pétrolières à forer dans la réserve. On se souvient que le débat avait été mis à l’ordre du jour après le passage dévastateur des ouragans Katrina et Rita : les installations pétrolières texanes alors dévastées, le représentant républicain du Texas Joe Barton avait proposé d’autoriser le forage du pétrole en Alaska et sur les côtes d’autres Etats pour subvenir aux besoins pétroliers des Etats-Unis.

Ours polaires et caribous

Mais les détracteurs pensent, quant à eux, que la quantité de pétrole exploitable sur ce site est trop faible pour faire baisser les prix de l’essence de façon significative, et considèrent que les dirigeants républicains exploitent les dégâts causés par les deux ouragans pour mieux faire adopter la législation. L’opposition démocrate, rejointe par une poignée de républicains centristes, a donc voté en bloc contre ce texte. Elle reproche aux républicains de ne pas chercher à combler le déficit en renonçant plutôt aux réductions d’impôt accordées par l’administration Bush depuis 2001.

Les opposants estiment également que le forage nuira aux espèces animales de la réserve faunique nationale, peuplée notamment d’oiseaux migrateurs, d’ours polaires et de caribous. Les forages ne seront pas sans incidence sur l’équilibre de la flore ; or, par exemple, des plantes disparaîtront, qui abritent jusqu’à maintenant la nidification des oiseaux migrateurs. Le ministre canadien de l’Environnement, Stéphane Dion, fait remarquer à Washington, que : « Penser au court terme n’est pas la solution. Protéger les écosystèmes, protéger la biodiversité -particulièrement le Nord, qui est le baromètre du monde- devrait plus que jamais être une priorité. ». En outre, le Natural Resources Defense Council (NRDC, le Conseil américain de défense des ressources naturelles) souligne qu’il serait plus efficace et plus sûr, pour faire face à la crise énergétique, de revoir la consommation en énergie des Sports Utility Vehicle (4X4). L’organisme avait proposé à ce sujet, en octobre dernier, un texte sur des standards de motorisation moins gourmands en carburant qui « permettrait l’économie d’un million de barils de pétrole par jour d’ici 2020. ». George Bush a salué globalement l’approbation des mesures par le Sénat

L’ouverture des forages sera-t-elle votée par la Chambre des représentants, avec le reste des mesures adoptées par le Sénat ? Toujours est-il qu’en voyage en Argentine -pour participer au sommet des Amériques- le président George Bush a salué globalement l’approbation des mesures par le Sénat, et exprimé le souhait que le Congrès adopte définitivement le programme d’économies d’ici à la fin de l’année. George W. Bush a affiché son intention de diviser par deux le déficit de l’Etat (soit 319 milliards de dollars, selon le Trésor, pour l’année fiscale 2005 ), d’ici à la fin de son mandat, en janvier 2009.

Dominique Raizon - RFI

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